Ce n’est pas tous les jours que l’on voit des sociétés Internet françaises aux premières loges dans leur secteur d’activité. Incontestablement, le réseau social Viadeo est de ceux qui connaissent un grand succès mondial, bien au-delà des frontières françaises. Viadeo compte aujourd’hui plus de 45 millions de membres à travers le monde. Il est accessible en six langues et, outre son siège parisien, il a des bureaux aux Etats-Unis, en Angleterre, en Espagne, en Italie, en Russie, en Chine, en Inde et au Mexique.
Maintenant aussi en Afrique, avec l’ouverture du bureau de Dakar en 2011, et de Casablanca, au Maroc, fonctionnel depuis le début de l’année 2012. En nous recevant au siège dakarois du réseau social, Chams Diagne, le directeur général pour l’Afrique, qui avait déjà activement participé au développement de Viadeo en France et en Europe, nous explique d’emblée que la particularité de Viadeo, par rapport à Facebook et Twitter, est son orientation « professionnelle ». Viadeo est, en effet, résolument tourné vers des activités métiers, avec des membres mettant en valeur leur activité professionnelle. Un autre de ses signes distinctifs est son positionnement très marqué « dans les pays émergents, en Asie, en Amérique du Sud, et aussi en Afrique ». Viadeo a enfin une « démarche de localisation » dans les pays où il compte des membres. Comme l’a expliqué Chams Eddine, dans un document de la société, « les réseaux sociaux et les autres grands acteurs du web en général ne prennent pas toujours en compte les usages et approches des utilisateurs africains ». A l’inverse, Viadeo a une « stratégie de développement multi-locale » qui lui permet de s’adapter, d’une certaine manière, aux différentes cultures dont sont issus ses membres.
L’histoire de ce réseau social a commencé en 2003 avec la création, par les Français Dan Serfatyl (photo) et Thierry Lunati, tous deux issus de grandes écoles, du club d’entrepreneurs Agregator dont l’objectif était de faciliter les échanges entre ses adhérents, essentiellement des entrepreneurs. Une plateforme Internet était évidemment le meilleur moyen pour faciliter ces échanges, d’où la création, en 2004, du site Viaduc. En 2006, ce site devient tout simplement Viadeo.fr. Une nouvelle étape est franchie l’année suivante avec l’acquisition du réseau chinois Tianji pour dix millions d’euros et, en 2009, le rachat du réseau indien ApnaCircle. Des initiatives qui aboutissent à la mise sur pied du groupe Viadeo rassemblant les trois concepts.
En Europe, Viadeo a certainement subi la concurrence du réseau social professionnel d’origine allemande, Xing, bien implanté dans ce continent. Est-ce ce qui a poussé les fondateurs de Viadeo à chercher à approfondir leur implantation dans les pays émergents d’Asie et d’Amérique latine, et en Afrique ? Le réseau compte aujourd’hui 10 millions de membres en Chine, 13 millions en Amérique du Sud, 4 millions en Inde et 2 millions en Afrique. En Europe et en Amérique du Nord, il revendique respectivement 9 et 5 millions de membres.
Selon Chams Eddine Diagne, « Viadeo est leader sur les marchés émergents ». En tant que réseau social professionnel, son véritable concurrent à l’international est LinkedIn, un réseau social professionnel d’origine américaine, créé en 2003 en Californie, entré en bourse en 2011 et revendiquant plus de 150 millions de membres. Dans le monde francophone cependant dont il est historiquement issu, Viadeo semble avoir un avantage sur ses rivaux, parmi lesquels ont peut citer les réseaux professionnels Xing (déjà évoqué), mais aussi Plaxo (Etats-Unis) et Jobssip (Espagne).